Julien MARCLAND | La jeunesse est éternelle.
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La jeunesse est éternelle.

La jeunesse est éternelle est un recueil de nouvelles inédit.

On y trouve :

  • Le compagnon mystérieux.
  • La jeunesse éternelle.
  • Que le temps dure
  • Julie With.
  • L’image inconsciente du corps.
  • Modus Vivendi, ou de l’inexistence, La dernière phrase.
  • Galets, fiction.

 

 

Extrait de « La jeunesse éternelle » (fin) :

(…)

Je restais un moment inconscient, léthargique, entre le rêve persistant en moi de cette apparition et la lumière réelle du soleil qui déclinait maintenant derrière les immeubles laissant place à cet air plus frais du soir qui est déjà l’atelier clandestin de la rosée du matin.

Il n’y avait presque plus personne dans le jardin. J’entendais encore quelques vagues rires et quelques murmures de discussions éparses. Mais tout cela semblait à présent lointain et irréel. Mon corps me fit sentir quelques courbatures liées à la position assise et tendue en avant sur les paumes dans laquelle j’étais resté durant toute cette rencontre, ainsi, je pense, qu’à sa fatigue générale. Je m’affaissais de tout mon long, allongé sur le dos, les jambes en éventail. J’avais perdu la notion du temps. Quelle heure était-il ? Quel jour était-il ? Cela n’avait plus d’importance. J’étais, j’en étais à présent à peu près certain, enfermé dans ce parc des Buttes-Chaumont… Je trouverais bien le moyen d’en sortir… Je crûs entendre encore un sifflet retentir en contre bas, au bord du lac artificiel, bien loin en dessous, mais rien ne prenait plus corps, rien ne « faisait signe ». Ma pensée n’était plus qu’un vague songe somnambule… errante et flottante dans l’air au dessus de l’herbe… Je n’avais plus aucune force, et pourtant je me sentais apaisé, détendu, tout abandonné à cette absence de l’être. Puis, je sombrais dans le sommeil sans rêve. Ma peau gardait le brun souvenir du soleil.

 

L’instant précédant la chute et l’oubli, un seul vers traversa ma pensée avec la légèreté ouatée d’un vol de canard sauvage, comme on cueille nonchalamment sur le chemin une fleur ou un rêve…

« J’errais donc, l’œil rivé sur le pavé vieilli, quand, dans la rue et dans le soir, tu es en riant apparue,

et j’ai cru voir la fée au chapeau de clarté… »

 

La jeunesse est éternelle – songeais-je, en basculant dans le noir.