Un dialogue poétique et philosophique publié à la suite de « Sur l’Oubli ».
Extrait :
(…)
- Tu t’es trompé, l’autre jour en voyant à chaque fois ton visage dans les courbures de l’air, en appelant cela le même… Car c’est toujours de l’Autre dont il s’agit au lieu du même (le présent identique) et de la continuation possible (nous pourrions l’appeler aussi tout simplement La suite) dont il est question au lieu de la Fin… Tu as cru deviner au travers les plis de l’air ces images produites par ton imagination malade et mégalomane, tu aurais du simplement voir ce qui est… et qui dure.
- J’ai cru voir mon visage, dansant au-dessus des flots, comme un astre mystérieux et inaccessible.
- Mais comment as tu pu croire que c’était bien ton visage ! Qui te l’a appris ? Avait-il un certificat d’essence ?
- J’ai cru, comme les gens croient au bon dieu. Dans cet abîme de la mer, j’ai désiré mon image.
- Ce que tu as vu n’étais ce pas plutôt cette durée du temps à travers toi et autour de ton corps, le mouvement des embruns dans le vent, les arbres sur la côte, comme des débris d’étoiles ?
- J’ai cru pouvoir décider de ce qui arrivait. J’ai cru – en un pressentiment – que ce là finissait avec moi. Vu la matière de l’horizon, c’était bien légitime.
- Tu as cru que tu portais le temps avec ton esprit, comme la mer soutien tous les cargos qui la sillonnent ? Tu as cru que l’esprit seul décidait ?
- J’ai cru qu’il n’y avait que l’esprit, que l’esprit était le monde.
(…)