Poème du mois de novembre 2017 : Sonnet heptaniste et Ballade pour Enora.
Sonnet heptaniste.
Lorsque le soleil perce à travers les arbres
Du chemin oublié par la police de l’environnement
L’interdiction est faite de stationner, de klaxonner, voir de rouler ici (même lentement)
Et les canards sauvages (et les poulets aussi, devrais-je dire) se terrent, se cachent, pour dénicher femelle, en autostop ou en barque, à force de palabre
combien de fois a-t-on vu
un général garde chasse
regonflé, hardi, têtu
courir après sa bécasse
voisins, voisines, du Loiret ou d’ailleurs, à chacun sa gloire (tout le monde n’est pas Victor Hugo) et ce bon moustachu
laissant à la maison sa bécasse préférera sans doute chaque dimanche à elle ses cocottes brigandes gentes exotiques de voyages ou délices de canards en plein vol abattus
de toute façon, il n’y a pas de concurrence en terme de gibier d’eau et pour ces cocus conçu oint d’hostie rance armé de fusils sur une réserve naturelle
au bar à vins de L’Écluse
le jour du dieu éternel
finira en cornemuse.
Ballade pour Enora. ababbcc
« Nous sommes tous resserrés et repliés sur nous et nous avons la vue raccourcie à la longueur de notre nez » Sur l’éducation des enfants, Montaigne.
A inventer l’horizon,
nos ombres croissent sur terre
d’un feu crépitant sans nom,
D’épreuves réjouies, légères,
Galets, flots, sables amers,
Nous sommes tous repliés
à longueur de notre nez
Comme si tout était neuf
Galets, flots, sables amers
Et homme blessé ou veuf
visage de l’univers
le doux voile de la mer
les espaces de l’écrit
les silences de la pluie
Galets, flots, sables amers,
Sans portée, écrire oublie
Le rivage et ses amers
ses originelles nuits
la fenêtre du jour gris
L’éducation d’un enfant
Sauvage, un rien transparent
(envoi)
Chère infant né d’un jour neuf
La vie ronde comme un œuf
Fuit ton rire été d’or vert
Galets, flots, sables amers.