Poème du mois – Un tour de barque, de Maillezais au Mazeau – Anniversaire de Solène, fête du Saint Amour
Cerné d’immédiat,
la pluie absente de mots,
l’homme dans sa feuille de chou ;
ses nuées en ruines,
son regard du haut de la falaise rouge
aux paupières vides,
paisible baignoire paradisiaque, où file un oiseau :
vertige… mirage…
l’espace abruti de masse sonore à présent évanouit, balayé en ce vaste ciel aéré, bleu, épuré, courbe, sur la terre, où se suspendent de gros nuages, comme de grands navires en partance, ou à l’arrivée, dans un océan de lumière imperceptible,
un théâtre, peut être, abandonné pour une saison à la mer aux rideaux figés depuis quatorze siècles au moins
recelant une énigme : où est la scène et qui sont les acteurs ?
Sur cette balustrade savonneuse d’émail blanc tremble un feu invisible qui dévore le joueur muet aux yeux clos qui retourne à sa source de poussière et d’or, dans la résonance de l’espace et des pierres, à la fin de la pièce.
Cerné d’immédiat, de vert, le lendemain,
s’éclaire le jardin de grandes bandes solaires ;
par la porte-fenêtre,
les cœurs endormis ont toujours tort :
cette vie le rêve… : à quoi sert ta voix, si singulière, si indispensable ?
Et nous retrouverons nous tous un jour – tu l’espères – avec ceux qui ne sont plus, pour la grande fête des immortels ?
Après tout, la grâce vient et s’en va comme la pluie…
vers ce qui manque rien,
vers ce rien qui manque,
en forme de feuille incurvée,
étrange,
sous les paupières
innervées,
rouges,
creusant la vie.