Sextine for Enora. – poème du mois
Sextine for Enora.
Chaque été recèle tous les étés
qui furent, enfant, éveil au jardin
que brise le pépiement des oiseaux
dans la chaleur grandissante invisible,
où, endormis sous les tilleuls à l’ombre,
nous rêvons un avenir sûr, des toiles…
où se mêlent en la distance des voiles,
présent, passé, avenir, dans l’été,
figures de nos proches aimés dans l’ombre
par delà l’océan, « l’autre jardin »,
du ciel la rumeur lointaine invisible
d’un primate, papillon, ou oiseau.
Est-ce vous mes amis chantant oiseaux
qui me parlez en direct sur la toile
d’un réel révélé de l’invisible
via les stries de la lumière d’été
nuançant mes vers d’herbes du jardin
voletant sous les frondaisons de l’ombre ?
Le temps offre à chaque vie sa part d’ombre
et nos amours, ma fille, comme oiseaux
d’un arbre à l’autre croisent le jardin
pour trouver refuge et tisser leur voile
pour une saison plusieurs en l’été :
architectes chantant de l’invisible.
En la compagnie d’anges invisibles
entre ces espaces étranges d’ombre
que reste-il à l’autre à part « l’été »
incandescent et tellurique oiseau,
la mer pure et bleue du ciel songé toile
pour une Aphrodite dans le jardin ?
Celui des Hespérides, ce jardin,
avec ses pommes d’or, graals invisibles,
en perspective rebelle de voiles
blanches sous ce même soleil sans ombre,
où ce qui fût demeure, file l’oiseau
de l’avenir, tes pas, traces d’étés.
–
Rien ne peut briser cette fille d’ombre
Dans le jardin, la Sextine d’été,
voile ou toile aimée, l’invisible oiseau.